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C’est un nouveau scandale qui ébranle le cercle fermé des constructeurs automobiles. Citroën accuse le suédois Polestar de contrefaçon et atteinte à sa marque. La dernière fois qu’un litige dans ce genre a eu lieu c’était entre Porsche et Peugeot à propos de la 911. Mais cette fois-ci, l’histoire se finit devant un tribunal !

L’histoire de Polestar

Commençons par revenir sur les deux protagonistes.
Citroën n’est plus à présenter ! La succursale du groupe PSA a plus de 100 ans d’expérience et n’a plus ses preuves à faire.

Mais qu’en est-il de Polestar, qui n’est pas sur le marché français ? Si son nom ne vous dit rien, c’est normal. En effet cela fait quelques mois que le français bloque la diffusion des voitures de ce constructeur suédois.
Revenons donc un peu sur ce constructeur inconnu au bataillon. Polestar, à l’origine c’est Flash Engineering. Né en 1996, il veut faire courir les voitures Tourisme de Volvo sur les circuits suédois. Petit changement de nom en 2005 avec un nouveau propriétaire, Polestar est là ! Sur les circuits, c’est en 2009 qu’arrive la consécration avec un premier titre arraché par la Volvo C30 S2000, projet autonome de Polestar. Alors l’année d’après, Volvo C30 Polestar Concept est proposée à tous les clients de la marque au logo du dieu Mars.
En 2017, coup de tonnerre ! Est annoncée l’indépendance Polestar par Volvo. Le constructeur annonce se spécialiser dans le domaine de l’électrique. Décision logique qui s’ancre dans la démarche innovatrice revendiquée par l’entreprise. Mais qui dit changement de marque dit changement d’identité visuelle. Un nouveau logo est choisi. Et les ennuis commencent. Le suédois se pare de deux chevrons qui se font face pour former une étoile polaire. Polestar, une étoile polaire, un symbole qui fait sens. Mais les chevrons sont l’estampille d’une célèbre marque française qui entend bien les revendiquer. L’ancien logo, ci-dessous, ne les gênait pas puisque plus différent.

Litige avec Citroën et conséquences: le site bloqué

La marque française revendique les deux chevrons et a réussi à faire bloquer la diffusion du logo du Suédois en France. Et le logo est présent surtout sur … le site internet. Qui n’est donc pas accessible en France. En effet, lorsque l’on clique sur l’URL de la marque, on arrive sur cette page.

On peut voir sur cette capture d’écran du site que sont mises en avant les sociétés n° 016896532 et n° 016898173. Il s’agit des deux marques déposées par Polestar qui sont donc en l’occurrence en différends avec les marques n° 3422762, n° 3841054 et n° 4176913 de Citroën (dont DS Automobiles).
Mais la marque met à disposition de ses usagers un numéro de téléphone. Lorsqu’on appelle, premier point négatif, tout est en anglais. Le support d’aide est automatique et ne s’adresse malheureusement qu’aux anglophones d’entre nous.
Puis, redirections en tous sens, il faut prendre son mal en patience. Au final, on tombe sur le service d’aide aux clients de l’Angleterre  qui ne peut pas nous dire quand le site sera disponible et n’est pas au courant en ce qui concerne cette affaire.

La décision de justice:

Citroën et avec elle le groupe PSA ont décidé de porter l’affaire devant les tribunaux et le jugement a été rendu au lendemain du confinement ce 4 juin 2020. L’entreprise française accusait Polestar d’utiliser le logo des automobiles Citroën, notamment celui de la marque haut de gamme DS. Cette utilisation serait une contrefaçon des marques figuratives et serait une atteinte à la propriété intellectuelle et à la renommée du constructeur centenaire. De ce fait, il s’agirait de concurrence parasitaire. Ce sont 320 000 euros qui sont réclamés.
N’est retenue que l’atteinte à la renommée et les dommages et intérêts ne s’élèvent finalement qu’à 150 000 euros.
Quid de l’utilisation du logo ? La marque suédoise avait trois mois pour retirer son logo à dater du 4 juin et ce pour six mois. C’est ce qui empêche Polestar d’arriver sur le marché français, la sortie de ses voitures étant repoussée à l’année 2021. Pas de date précise et très peu de communication sur les différents canaux de la marque.

Empêcher la concurrence: le vrai but de Citroën?

Tout n’est ici que conjoncture. Citroën a accusé Polestar de concurrence parasitaire. Aurait-elle peur d’un énième rival ?
En effet, Citroën a sorti la ë-C4 une berline électrique qui peut être comparée à la Polestar 2, nouvelle voiture de la marque suédoise. Celle ci a une autonomie bien supérieure à la berline française. 150km de plus pour le pays aux trois couronnes. De quoi intimider les 350km d’autonomie de la ë-C4, pour un prix presque semblable.
La C4 et la Polestar ont toutes les deux des versions hybrides, ce qui est encore un facteur de concurrence.

Le point de vue des customers:

Et qu’en pensent les clients des marques ?  Ils restent ceux pour qui les logos sont faits.
Deux écoles:
Ceux qui s’amusent de la situation et moquent Polestar
« J’aime bien les chevrons Citroën du logo Polestar »
« Marrant le logo. On dirait Citroën qui a explosé les chevrons »

Et ceux qui défendent corps et âme la société attaquée en justice:
« That really is over the top. Do you have someone you can talk to ? There’s no shame in admitting you need a little help. » (« C’est vraiment exagéré ! Avez-vous quelqu’un à qui parler ? Il n’y a pas de honte à admettre que vous avez besoin d’un peu d’aide. »)
« Poor baby » (« Pauvre bébé »)

Que retenir de ce palabre judiciaire? Citroën obtient gain de cause mais pour six mois seulement. Pas de contrefaçon et donc seulement un report de l’arrivée des Polestars 1 et 2 en France. Les voitures sont d’ailleurs présentes chez nos voisins belges.
La clientèle française ne se sent pas impactée par l’histoire et se pose par conséquent la question des réelles motivations de la firme française.